La disparition des zones humides
Les zones humides (tourbières, plaines alluviales, marécages, …) sont les milieux naturels qui subissent la plus forte régression en Suisse ; elles ont perdu environ 90% de leur surface depuis 1850. Or ces milieux abritent un grand nombre d’espèces végétales et animales spécialisées, dont la survie est aujourd’hui menacée.
Des milieux pour les espèces pionnières
C’est le cas de la plupart des amphibiens et notamment des espèces pionnières. On parle d’espèces pionnières pour désigner les espèces qui vont être les premières à s’implanter dans un environnement nouveau ou récemment modifié par la nature ou par l’homme.
Les zones alluviales, régulièrement remodelées par les crues et les décrues sont des zones pionnières naturelles, tandis que les gravières sont des zones pionnières anthropiques. Les milieux pionniers sont peu végétalisés, et donc exposés à un ensoleillement maximal. On retrouve ces caractéristiques en zone agricole, en particulier sur les terres ouvertes (cultures labourées). C’est pourquoi certaines espèces pionnières s’y plaisent.
Espèces caractéristiques des ZHum
Non seulement les amphibiens, mais aussi d’autres espèces animales et végétales, profitent des plans d’eau temporaires que sont les ZHum :
- Le Sympetrum à abdomen déprimé, une libellule, est dépendant des plans d’eau temporaires.
- Le Crapaud calamite apprécie les grandes surfaces d’eau temporaires, peu profondes et très bien ensoleillés où l’eau chauffe vite.
- Le Triton palmé occupe les petites mares et flaques, souvent à proximité des forêts.
- Riccia cavernosa est une hépatique (une sorte de mousse) quasiment disparue à Genève. Elle pousse sur des substrats plutôt riches qui sont en alternance immergés/asséchés.
Le crapaud calamite, star des ZHum
A Genève, nous avons la chance de pouvoir encore compter quelques populations de Crapaud calamite, une espèce pionnière devenue rare.
Les Crapauds calamites apprécient les plans d’eau temporaires pour pondre, car il y vit beaucoup moins de prédateurs pour leurs têtards. En revanche, le risque est grand de voir ses petits mourir desséchés au fond d’une gouille. Pour mettre toutes les chances de leur côté, les Crapauds calamites ont plusieurs stratégies.
- Les Calamites s’accouplent et pondent par cohortes décalées dans le temps, entre avril et août afin d’étaler la probabilité que certains bénéficient d’une météo optimale.
- Ils pondent des milliers d’œufs, mieux vaut trop que pas assez !
- Une fois éclos, les têtards, noirs, se rassemblent à la surface pour capter un maximum de chaleur. Plus il fait chaud, plus ils se métamorphosent vite en minuscules crapauds qui continueront leur vie hors de l’eau.
Habitat terrestre
Si les amphibiens ont besoin d’eau pour se reproduire, ils passent en revanche la majeure partie de leur vie hors de l’eau. Ils ont donc besoin d’habitats terrestres : des tas de pierres, de branches, de feuilles mortes ou des galeries souterraines de campagnols.
Le crapaud calamite en particulier apprécie les habitats et les terrains de chasse que lui offre la zone agricole. Ses courtes pattes arrière ne lui permettent pas de bondir dans les hautes herbes, c’est pourquoi ce grand mangeur d’insectes et de limaces apprécie les grandes cultures pour chasser. Pour dormir, il se cache dans les galeries de campagnols ou sous les blocs de terre d’un champ fraîchement labouré.
Pour plus d’informations sur les zones humides et leurs habitants
- Biodiversité dans l’exploitation agricole (guide pratique Fibl & Vogelwarte)
- Biodiversité dans les zones humides (magazine Hotspot n° 15)
- Amphibiens de Suisse et leur mode de vie (site du Karch Suisse)
- Situation des amphibiens à Genève (site du Karch Genève)
- Plan d’action crapaud calamite (Karch-GE sur demande)
- Mousses et hépatiques du canton de Genève (Liste Rouge et initiation aux bryophytes)
- Guide des milieux naturels de Suisse (version diminuée en ligne sur InfoFlora)
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